Vous avez mal ? Douleurs et ruminations

Faut que je vous dise: Le 1er mai, je me suis fait opérer de la hanche gauche… Pose d’une prothèse intégrale. Le 28 mai, si tout va bien, ce sera le tour de la hanche droite.

Et cette nuit j’ai très mal dormi. On m’a donné moins de médicaments cette nuit.

L'hôpital, la nuit

« Si vous avez mal, n’hésitez pas à sonner » mais c’est quoi mal ? « De 0 à 10 ? » Mais par rapport à quoi ?

Je connais le principe, je connais l’échelle et je trouve quand même très difficile à situer.

J’ai mal, c’est normal, je me suis fait opérer. À partir de quand est-ce que c’est un problème ? Quand j’ai envie de pleurer ? Quand ça m’empêche de dormir ? Ou juste quand ça me gêne ?

De nombreuses questions dans le lit alors que je regrette de ne pouvoir rester longtemps dans les bras de Morphée d’une traite.

Hier soir, anti-inflammatoire au souper, vers 17h30, puis paracétamol à 23h. Minuit, visite de routine : « je dors pas, puis-je avoir le myorelaxant ? ». On me le donne. « Si vous avez mal n’hésitez pas à sonner ». Oui mais si on nous donne moins de médicament n’est-ce pas parce que c’est important d’en donner moins ? Sinon pourquoi le faire ? Pourquoi ne pas donner sans distinction tous les soirs la même chose ?

Il y a plein de raisons possibles, trop. Trop pour moi. Trop de questions en suspens, de peut-être. Peut-être que c’est pour limiter la toxicité. Peut-être que c’est pour faire des économies. Peut-être que c’est pour mieux suivre l’évolution de la douleur et de l’état général. Peut-être que c’est tout ça. Peut-être que c’est juste un problème d’organisation de l’équipe de nuit.

« Si vous avez mal, n’hésitez pas. »

Tous les autres jours, vers 5h-5h30 ils passent. Je vois l’heure alors j’attends parce que s’ils font une tournée, ils seront occupés avec d’autres patients.

6h. Toujours personne. Je sonne. Quelques minutes plus tard : « Vous avez sonné ? ». « Oui, j’ai très mal dormi, j’ai eu moins de médicament et ce matin je commence à avoir mal. 3-4 sur l’échelle » (de Richter… Ça secoue un peu). « On est occupés les deux, je reviens vers vous dans quelques minutes »

Peut-être deux minutes ? Peut-être 20 ? Ou sera-ce 40 ? On ne me laisse pas vraiment le choix. Poliment, mais c’est sans équivoque.

Il revient 10 minutes plus tard. Deux comprimés morphiniques. Je m’étonne. Je me demande. Pourquoi ne m’en a-t-on pas donné hier soir ? Et pourquoi ce matin me donne-t-il la morphine et pas la novalgine comme d’autres jours ? Trop de questions. Et si je la pose, on ne saura pas me répondre. On ne sait jamais me répondre. Car il n’y a pas de réponse. C’est subjectif. C’est soumis à l’appréciation du juge. Celui qui à l’instant T doit déterminer la meilleure action, la meilleure réaction à quelqu’un qui sonne et se pose des questions.

« Mais pourquoi n’avez-vous pas sonné plus tôt ? »

Pour tout ça. Parce qu’il y a trop de questions en suspens, trop de raisons possibles d’avoir, de ne pas avoir, de savoir exprimer ou de se tromper.

Je suis épuisé ce matin. J’ai envie de pleurer. Quelques larmes coulent. Je le sais, c’est l’épuisement. Le corps lutte, travaille d’arrache-pied à remettre en état le chantier de ma prothèse de hanche.

Je dormirai plus tard. Lorsque la morphine aura fait son effet, tout ira mieux, pour quelques heures. On oublie vite. Et c’est tant mieux.

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